ÉSAD •Grenoble •Valence

Le projet EPE a été mis en place avec l’Unité de Recherche « Design d’outils, outils du design » de l’ÉSAD••, en collaboration avec la scène nationale Hexagone arts & sciences (Grenoble), l’Esisar (École Supérieure d’Ingénierie des Systèmes Embarqués de Valence, INPG) et Pagora (École Supérieure d’Ingénierie de la Communication Papier et Imprimée, INPG), et revêt désormais une dimension européenne, internationale et interdisciplinaire. Il fédère les départements de design graphique d’un consortium constitué des universités de Sfax (département de design visuel, centre de recherche 4C/Tunisie), Zagreb (Faculté des Arts Graphiques/Croatie), et Izmir (Université d’Économie d’İzmir, Département de Design de Communication Visuelle, Turquie) autour d’un projet nécessaire, ambitieux, interdisciplinaire et transversal.

L’essor des outils numériques, tels que les sites web, les moteurs d’écriture comme ChatGPT et l’intelligence artificielle, ainsi que la compréhension croissante de l’« Anthropocène » et des guerres qui marquent notre époque, ont un impact sur l’action humaine et sur la Terre, redéfinissant ainsi notre relation à l’environnement, à l’Europe et au monde. Cette redéfinition a donné naissance à de nouveaux récits et formes artistiques. Sur les scènes nationales et dans les musées, les artistes déploient désormais des dispositifs hybrides interactifs, immersifs et originaux (son immersif, mapping vidéo, réalité augmentée, réalité virtuelle) qui utilisent la créativité numérique pour raconter l’histoire complexe de notre monde actuel.

Mais l’accélération numérique n’impacte pas toutes les générations de la même manière, et les usages restent très divers. Pour atteindre et développer des publics intergénérationnels, ces formes artistiques doivent être communiquées par le biais de contenus et de supports adaptés et créatifs, qu’ils soient imprimés, numériques ou audiovisuels. Dans les organisations culturelles, entre papier et numérique, la cohérence des outils et la stratégie de communication globale peinent à se mettre en place.

Parallèlement, on assiste à l’hégémonie des pratiques éditoriales : les impressions de contenus en ligne sont prises en charge par des navigateurs limités, sans réelle liberté de mise en page. Les créations, les écoles d’art et de design et les cabinets professionnels de tous les secteurs, notamment culturels, sont ainsi contraints par des logiciels d’édition propriétaires (Adobe notamment) qui dominent la chaîne graphique et éditoriale. Les formations publiques conduisent les étudiants à devenir dépendants de ces outils propriétaires, fermés, coûteux et utilisés par un marché du travail qui aimerait s’en passer… mais ne trouve personne formé aux outils alternatifs. À terme, les outils open source représenteraient une charge financière allégée pour les jeunes professionnels. De plus, par définition, ces outils prennent en compte les enjeux écologiques en permettant une sélection fine de ce qui sera publié sur papier.